ANTIMATIERE
«... Au centre de la pièce trônait une armature oblongue de graphène rose qui supportait un amalgame de composants complexes reliés par d’inextricables tubulures translucides. Vassili s’approcha pour effleurer, presque religieusement, l’engin.
— Voici Noemi, annonça tout sourire le docteur Maheu. Elle n’a pas été facile à dompter, vous pouvez me croire ! Mais elle est maintenant opérationnelle. L’élément près de vous, Général, est le réacteur à fusion froide. Il communique son énergie au canon antileptonique qui va générer et injecter des antiparticules dans la boucle de confinement...»
Au début était Eru, le premier, qu'en Arda on appelait iluvatar...
Oupps, non. Pardon cher lecteur. Je me suis trompé de cosmogonie. Reprenons.
Au début était... on ne sait toujours pas trop quoi, mais juste 'après', ça à fait un gros boom, que fred Hoyle, détracteur féroce de cette théorie, a ironiquement qualifié de "Big Bang". A cette époque lointaine (13,8 milliards d'années), les particules de matière et d'antimatière sont sorties du vide par paires, s'annulant instantanément l'une l'autre pour retourner au néant. Pourtant, et c'est encore aujourd'hui un grand mystère de la science, un léger déséquilibre s'est produit. On suppose qu'environ une particule de matière sur un milliard à survécu, créant ainsi l'univers que nous pouvons observer.
Antimatière et matière sont comme deux frères ennemis. Lorsque l'électron est de charge négative, l'antiélectron est de charge positive (on l'appelle d'ailleurs le positron). Les quarks, briques élémentaires de la matière, ont tous leur antiquark. Ainsi, tout ce qui constitue le monde tangible qui nous entoure (protons, électrons, neutrons et autres fermions) possède une antiparticule (antiproton, positron, antineutron…).
A l'état naturel, ces antiparticules n'existent qu'en infime quantité dans les rayonnements cosmiques ou dans les produits dérivés de la radioactivité. Pourtant, il est possible d'en produire dans les accélérateurs de particules que les scientifiques utilisent pour percer les mystères de l'infiniment petit. Ces engins aux proportions parfois titanesques (Le Grand Collisionneur de Hadron du CERN à Genève fait 27 kilomètres de circonférence !) utilisent les technologies les plus avancées pour casser la matière. Parfois, lors de ces collisions qui se produisent à des vitesses quasi luminiques, des antiparticules naissent spontanément pour immédiatement s'annihiler au moindre contact de la matière.
Le résultat de cette désintégration est un énorme dégagement d'énergie qui répond à la célèbre équation d'Einstein :
E = mc2 (comment on fait un exposant, monsieur Wix?)
Et de l'énergie, cette réaction en libère. A priori, rien ne peu en libérer plus, puisque la totalité de la masse particule/antiparticule se trouve entièrement convertie. A titre de comparaison, 1g d'antimatière/matière libère 90 mille milliards de Joules, soit plus de 20kTonnes de TNT! La tristement célèbre "Litte Boy" largué par le B-29 "enola gay" sur Hiroshima ne faisait 'que' 12kT...
Une arme à antimatière est donc extrêmement intéressant pour un auteur de science-fiction. Imaginez la puissance destructrice de Noemi, la bombe antileptonique (les leptons sont une classe de particules à laquelle appartient l'électron) que Fedora s'apprête à lancer et qui contient dans ses bouclages magnétiques 50 kg de positons!
Heureusement pour nous, fabriquer des antiparticules est extrêmement complexe et onéreux. Le CERN, dans son décélérateur d'antiprotons, n'a produit que quelques milliers d'antiatomes d'hydrogène depuis qu'il fonctionne, autant dire rien du tout… Certains estiment que le cout ramené au gramme dépasse allègrement le millier de milliards d'Euros. De quoi dissuader encore longtemps les nations de se doter d'une telle arme!